La Carologie ou grandir avec sa communauté

“Je ne serais pas qui je suis, aujourd’hui, si je n’avais pas fait mes vidéos. Je ne peux pas dissocier mon contenu de ma vie.” 

En se lançant sur YouTube, il y a de cela 6 ans, Carolina de La carologie cherchait à la fois une manière de s’occuper après une rupture douloureuse, mais aussi un espace pour parler de sujets qui la passionnent.

“J’avais l’espoir que des gens s’intéressent aux mêmes thématiques que moi. Car, dans mon entourage, j’étais un peu la casse-couilles de service qui se pose toujours des questions. Et je me disais : je voudrais un espace où des gens sont aussi passionnés que moi sur des sujets qui semblent futiles, mais que moi, je trouve intéressants.”. 

Carolina, la Carologie

Des gens, elle en a trouvé. Et c’est aujourd’hui quasiment 300 000 personnes qui l’écoutent se questionner sur sa chaîne. Car dans les vidéos de Carolina, on parle de tout. C’est un espace d’échange sur des sujets aussi divers que variés. Un lieu où elle se livre sur sa vie et ses préoccupations. Mais ce n’est pas un espace centré sur sa personne. Sur sa chaîne, Carolina cherche avant tout l’interaction.

“À travers le travail introspectif que moi je fais, mais qui est filmé et public, j’invite les gens à faire de même. À dire ce que ça évoque chez eux. Si ça les questionne. Si ça les conforte dans leurs idées. Si, au contraire, ils apprennent des choses, car ils n’avaient jamais réfléchi aux sujets que j’aborde.”

Carolina, la Carologie

Depuis 6 ans, l’initiative reste la même : échanger, partager et réfléchir ensemble. Mais Carolina, elle, a évolué. Elle n’a plus les mêmes centres d’intérêt, voit son activisme prendre plus de place, ses questionnements évoluer. Mais surtout, en voyant le nombre de ses abonnés augmenter, elle se réalise de l’influence qu’elle peut avoir sur les gens et de la responsabilité qui lui incombe.

 En gros, j’ai compris que je n’étais pas au café du commerce avec mon cercle privé. Ça ne veut pas dire que je me censure, juste je prends plus de temps avant de dire des trucs.

C’est en échangeant avec sa communauté que la vie de Carolina prend un nouveau tournant. Sous une de ses vidéos, une sociologue, avec qui elle travaillera bien plus tard, lui laisse un commentaire qui la marque et l’interroge : “Mais tu sais Caro, ce que tu fais, ça s’appelle de la sociologie.”. Le mot reste alors dans un coin de sa tête.

Se destinant à être artiste, Carolina se tourne vers la haute école d’art et de design. Mais le jour de l’inscription, quelque chose ne va pas. 

“Quand j’ai postulé pour l’inscription, j’ai badé et je suis partie. Je pense que c’est juste que je ne me sentais pas légitime, que je pensais que je n’étais pas une artiste. Des tortures perso et le syndrome de l’imposteur…”

Carolina, La Carologie

Elle prend le temps de voyager, de mettre de l’argent de côté, le temps de se poser et de savoir, de façon certaine, ce qu’elle veut faire dans la vie. Alors que le temps passe, elle se rend compte de son intérêt pour le fonctionnement social. Et le petit commentaire sous sa vidéo lui revient. Elle décide de se lancer dans des études de sociologie.

Cette passion pour la sociologie se retranscrit dans ses vidéos. Certains formats deviennent plus fouillés, plus travaillés. Et peu à peu, Carolina se rend compte qu’il existe deux publics sur sa chaîne. 

“Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas du tout la même démarche derrière mes types de vidéos. Dans la dynamique, le mood, la manière de parler, le montage, rien n’est pareil. Et surtout, je me suis rendu compte qu’il y avait une petite niche sur ma chaîne qui est intéressée par ces vidéos de sociologie. Mais la plupart des gens me regardent car je raconte ma vie.”

Carolina, La Carologie

Après un temps de réflexion, elle décide de séparer totalement les deux formats et de lancer un chaîne entièrement dédiée à la sociologie. 

Je veux partager mon amour pour mes études. Alors autant en faire un support à part entière qui n’a rien à voir avec ma vie à moi. Où c’est Caro l’étudiante, l’académicienne qui crée du contenu et qui attire du monde.

Mais comment savoir si les gens sont prêts à la suivre ? Si cette chaîne rencontrera son audience ? Carolina décide de sonder l’intérêt de sa communauté pour le projet à l’aide d’un crowdfunding.

“J’ai décidé de lancer un crowdfunding. Pour payer le matériel nécessaire à un montage de qualité en premier lieu. Mais c’était aussi un moyen de voir qui est prêt à m’aider. De prendre la température, en quelque sorte. Si les gens veulent que je donne mon temps et mon énergie à créer ce contenu particulier, ils peuvent m’aider en investissant dedans.”

Carolina, La Carologie

Cette manière de voir les choses n’a pas toujours été d’actualité pour Carolina. Pendant longtemps, elle refuse que sa communauté l’aide financièrement.

“J’ai un rapport à l’argent un peu compliqué. Et l’idée, au début, de me dire que les gens pouvaient me faire des dons, je voyais ça comme une arnaque. C’était hors de question. Et je me disais que je ne méritais pas. Je me dévalorisais beaucoup en me disant que je n’apportais rien à Internet et aux gens. Que ce n’était pas pertinent…”

Carolina, La Carologie

Mais une fois de plus, c’est sa communauté qui la pousse à la réflexion. Plusieurs abonnés l’invitent à ouvrir un compte sur une plateforme de soutien afin de pouvoir l’aider. Notamment car, cumulant YouTube, travail à la caisse et étude, Carolina n’en pouvait plus et arrivait au bout de ses forces.

“J’ai découvert uTip et la pub, ça m’a aidé à passer une barrière psychologique. Et puis les gens ont commencé à me faire des dons. Ça leur faisait plaisir, ils voulaient me remercier et je les obligeais à rien. Et puis avec le Shop je me mets à vendre des créations et ça me fait du bien. Ça me ramène à cette idée d’artiste.”

Carolina, La carologie

“Même sans la pub les gens continuent de me soutenir, et maintenant je comprends qu’ils me soutiennent pour mon contenu, pour mon travail.”

Carolina ne sait pas exactement ce qu’elle fera suite à ses études de sociologie. Mais ce qui est certain, c’est que sa chaîne et ses abonnés ont contribué à la mener là où elle se trouve aujourd’hui.

Retrouvez « La Carologie » sur YouTube, Instagram et sur uTip