Créateur à la une : Sandrine aka Garage Deloffre

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Sandrine aka Garage Deloffre est illustratrice. Sur uTip, elle vend des mugs et stickers légèrement insultants. Dans cette interview, elle revient sur sa récente campagne de crowdfunding et sur son utilisation de la plateforme uTip et plus précisément de son Shop.

Est-ce que tu peux te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu ? Depuis combien de temps ? 

Je suis Sandrine, on m’appelle Garage Deloffre, et je sévis sur les internets depuis quelques années déjà, à base d’illustrations d’insultes fleuries et d’autres facéties telles que des petits strips de type humoristiques et des photos de mon chien.

Ce sont mes 3 principales sources de likes.

Pour l’historique : j’ai fait des études de communication, donc rien à voir, et après ça j’ai œuvré pendant une dizaine d’années dans un festival de bande dessinée : c’est comme ça que j’ai pu rencontrer des tas de gens ultra-cools (enfin… cools… enfin…. corrects) et m’intégrer dans ce petit milieu.

À coté de l’illustration, je suis coordinatrice événementielle et chargée de communication, en freelance. Et sur mon temps libre je collectionne les boules à neige et je binge-watch Dr Quinn. 

Carte de désavoeux couverture livre
Illustration Tout le monde trouve ta cuisine dégueulasse
Illustration Bienvenue mais rentre chez toi maintenant

Tu es très connue pour tes cartes de désaveux, peux-tu m’expliquer d’où t’es venue l’idée de ces cartes un peu insultantes, mais fleuries ?

C’était une erreur, en fait. Je ne dessinais pas trop, à l’époque. J’avais accepté de réaliser une invitation pour un mariage, à l’aquarelle. Alors que mon dessin était bien avancé, j’ai malencontreusement renversé mon verre d’eau sur le dessin, et j’ai gribouillé le truc, puis ai écrit au centre « Vivement que tu meures. » dans un geste de rage intense (plutôt de fatigue de moi-même). Puis je l’ai offerte à mon grand-frère, qui l’a adorée, même si il niera. 

Après ça, je me suis inspirée de tout ce qu’on se disait, entre frère et soeur, pour en réaliser quelques unes en plus, et les poster sur Instagram. Parfois, ça va un peu loin, mais tout venait du cœur… Et au bout d’un moment, j’ai été contactée par les éditions Lapin pour en faire un recueil. On en a fait 3 en tout, ce qui nous fait environ 150 illustrations méchantes et pas toujours très subtiles. J’en fais encore de temps en temps mais beaucoup moins !

Tu as récemment financé la sortie du livre « Contes et légendes » par le biais d’une campagne Ulule, tu peux me parler de ce projet ? C’est quoi ? Comment est-il né ? 

Il est né en 2019, en octobre : j’ai consacré mon inktober au thème « Contes et légendes ». Le principe : reprendre des contes et des légendes célèbres mais en 1 case et avec de l’humour dedans, de l’humour de type absurde parce que c’est mon préféré.

J’ai tenu 10 jours, comme 130% des artistes qui commencent Inktober (source : tkt). J’ai regretté de ne pas avoir continué, car j’avais toute une liste de contes et de légendes à honorer, mais je manquais de temps. 

Puis quand j’ai décidé de me lancer en freelance, et de faire de l’illustration, j’ai décidé de le reprendre, et pourquoi pas d’en faire un livre. Parce que les livres, ça se garde, et qu’en plus, on peut mettre de la dorure dessus. Plein de dorure. 

Illustration merlin

Ton Ulule a été financé à plus de 600%. Est-ce que tu t’attendais à cela ? Tu avais prévu le coup pour les paliers ou cela t’a pris un peu par surprise ? Comment tu te sens vis-à-vis de ce succès ? 

Je vis très bien le succès car j’y suis habituée, tout simplement… (Sourire caméra).

Ok, non, je m’attendais à atteindre mon objectif, mais pas à aller jusqu’à ces fameux 600%. J’ai trouvé ça incroyable que les gens me suivent autant dans ce projet, j’ai été prise de court car au bout de 24h j’ai du me rendre à l’évidence : on allait dépasser les 100%.

Je n’étais pas du tout préparée, je n’avais pas travaillé sur la suite des contreparties, comme le font très bien des artistes comme Yatuu et Maliki, qui préparent des campagnes de zinzous (comprendre : des campagnes incroyablement bien menées).

Finalement je m’en suis sortie, mais on a eu chaud, on aurait pu n’atteindre que 500%, vous vous rendez compte ?

Aujourd’hui, je me sens reconnaissante envers tous ces gens qui m’ont soutenue, mais surtout, je me sens très en retard, faut que je fasse un livre maintenant. J’aurais dû faire un mug. 

Peux-tu me parler du projet que tu aimes le plus dans tous ceux que tu as réalisé ?

Lors des manifestations pour la défense des droits des femmes l’an dernier, j’avais mis à disposition 4 illustrations, au cas où quelqu’un voulait les utiliser.

J’ai sautillé sur place pendant quelques heures en voyant toutes les photos de manifs où on pouvait spotter mes illustrations dans les mains de meufs en train de manifester pour leurs droits.

Pas pour booster mon égo (il est déjà énorme, au taquet) mais parce que j’aimais bien l’idée d’avoir une utilité dans les luttes ! Voilà, c’était mon moment préféré.

Du coup je dirais que c’est ça, ce que j’aime le plus, c’est quand mes illustrations ont un sens pour quelqu’un, et lui servent à exprimer quelque chose, et qu’il s’en sert pour faire la nique à autrui.

Illustration féministe jusqu'au-boutiste hystérico trotskiste

Tu as récemment ouvert un uTip pour y vendre un mug qui a reçu un succès assez important sur les réseaux sociaux. Pourquoi avoir choisi uTip comme plateforme pour cela ?

Comme vous le savez peut-être, j’adore faire des mugs. Ok, j’en fais trop, et peut-être que c’est pour ça que j’ai du masquer le mot « mug » sur twitter, mais bon sang, j’adore faire des mugs. 

J’ai tout de suite aimé le concept de Utip, parce que la plateforme contenait tout ce qu’il me fallait, au niveau de la partie « créateurs ». Je cherchais une plateforme qui me permettrait de réaliser des goodies sur demande (donc, sans avoir à gérer moi-même des stocks, des commandes, du SAV), et mes deux priorités étaient : mugs et tee-shirts. Qui a besoin de plus que ça ? Personne. Donc, je n’ai qu’à uploader mes visuels et à attendre que les choses se fassent. C’est parfait, car j’adore attendre que les choses se fassent.

Mug "bah ferme ta gueule alors"

Tu as depuis ajouté de nouveaux articles à ton Shop, c’était prévu ou tu t’es prise au jeu du merch ? 

Je me suis carrément prise au jeu, à la base je ne voulais que mettre ce mug horriblement insultant, et m’en aller tel Zorro dans la nuit. Puis on rajoute un mug… puis 2… et là c’est la spirale infernale. Mais en bien.

Puis j’ai ajouté des tee-shirts, des sweatshirts, et même des masques illustrés insultants. C’était incroyablement plaisant de voir des gens poster des photos d’eux portant des vêtements illustrés par moi, sur les réseaux sociaux, car c’était la première fois.

Merci pour ce moment ! 

Par rapport à d’autres plateformes que j’ai pu tester, j’aime le fait que l’équipe Utip soit accessible et réactive, lorsque j’ai une question, c’est agréable de ne pas attendre trois semaines pour une réponse parce qu’on ne sait pas vraiment à qui s’adresser.

Est-ce que tu aurais un conseil à donner de manière générale ?

Ecoutez, je vais vous partager ma maxime favorite : « au final, ça va aller. » C’est ce que je me dis tous les jours en pensant au livre que je dois réaliser et envoyer à 2500 personnes. Et puis aussi, je me dis souvent « au pire, ça rate » et finalement c’est pas très grave quand on y réfléchit bien deux minutes.

Vous pouvez retrouver Sandrine sur Twitter, aux éditions lapin et sur uTip.